Auteur/Benoît Séverac/Lu pour vous par Rose-Lire
Ce roman étiqueté Polar en bibliothèque ne l'est pas vraiment bien que certains critères de ce genre soient présents. En effet, dans le prologue accrocheur nous voyons que le héros narrateur se trouve en garde à vue suant de chaud et de peur au cours d'un interrogatoire. Il risque la prison, en Israël, qui plus est, dit-il...! Code polar !
L'auteur va évidemment nous révéler avec talent comment il en est arrivé là.
En fait il s'agit d'une sorte d'enquête ou quête que le narrateur Stéphane, quadragénaire comparé à un ours par ses filles et sa femme va mener sur divers faits du temps de la deuxième guerre mondiale.
Stéphane est au chômage, son couple bat de l'aile, ses filles sont parties vivre seules et quand son oncle et sa tante qui partent en maison de retraite lui proposent un tableau du peintre juif Eli Trudel, il n'hésite pas. Ce tableau avait été donné au grand-père par le peintre lui-même pour le remercier de l'avoir caché avec sa femme pendant l'hiver 1943.
Ce peintre est connu et le tableau vaut certainement beaucoup d'argent. Justement Stéphane en aurait besoin mais voilà qu'il se met en tête de faire de son grand père un Juste et de garder le tableau comme preuve au grand dam de sa femme Irène.
Les pérégrinations de notre Stéphane naïf, peu intéressé par la valeur du tableau mais voulant une justice pour son grand père vont l'amener en Israël, dans les Cévennes, à Toulouse, en Espagne pour suivre le parcours des deux fugitifs (de façon d'autant plus libre que sa femme l'a quitté)... jusqu'au rebondissement final.
Ce livre est agréable, d'une grande habileté. On se plaît avec ce héros paumé et qui va se révéler dans son enquête, on regarde avec lui les lieux qu'il traverse et qui sont dépeints avec une grande justesse et donnent une impression de vécu.
Comment ne pas s'attacher à ce héros qui arrivant à Toulouse tombe en extase devant cette ville méconnue, «aux atours élégants et pour laquelle on n'imagine pas une telle grâce» !
Ce roman a été écrit avant les massacres récents mais Netanyahu était déjà ministre et quelques remarques du narrateur traversant les territoires occupés,montrent que les Israéliens ont toujours cherché à grignoter un peu plus de territoire considérant que c'est leur bon droit. Ces remarques bien ancrées dans l'actualité nous interpellent.
Prenez donc plaisir à lire cet attachant roman qui nous replonge dans une période historique sombre mais traitée avec brio et véracité !
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