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  • Photo du rédacteurLe cercle D.E.litt

Pachinko

Autrice/Min Jin Lee/Lu pour vous par Rose-Lire


Une critique alléchante de Télérama à propos d'une série canado-coréenne, m'a donné envie de lire le best-seller international de Min Jin Lee dont elle est tirée...

C'est chose faite et quel bonheur de lecture!


Sur plusieurs générations nous allons suivre la famille de Sunja, de sa naissance dans une Corée occupée par le Japon, son émigration dans ce pays et sa vieillesse jusqu'en 1989.

Son père Hoonie avait 27 ans quand en 1910, le Japon annexa la Corée. Ce jeune homme d'une grande intelligence et d'un courage à toute épreuve était célibataire car affligé d'un pied bot et d'un bec de lièvre. Pourtant dans la misère croissante infligée au peuple par des dirigeants, incompétents et corrompus, il réussit à aider ses parents à survivre. Une marieuse présenta à ces derniers une pauvre jeune fille tout à fait misérable qu'il épousa et de cette union naquit notre héroïne.

Je ne vais pas raconter l'histoire émouvante de Sunja, ses choix, sa lutte pour survivre, son existence au Japon où elle va s'installer avec son mari, le lumineux Isak, chez le frère de celui-ci.


Chaque phrase est importante dans ce roman, le style sobre, dépouillé amène droit à l'essentiel nous bouleversant sans sombrer dans le misérabilisme ou le sentimentalisme.

Cette histoire traite de l'exil, de l'asservissement d'un pays par un autre, de l'amour de la patrie que les exilés sont souvent obligés de renier, le racisme marquant des Japonais tellement attachés à la pureté de leur sang même après la défaite de 1945.


Après plusieurs générations d'exil au Japon, les Coréens rêvaient d'un monde merveilleux où ils n'auraient pas été assimilés à des prostituées, des ivrognes ou des voleurs. Parqués dans des ghettos, coupés de moyens pour survivre, ils ne peuvent que vivoter ou essayer de cacher leur origine malgré la nostalgie de leur patrie qui hélas ! ne leur offrira que mépris même après la défaite. Il est vrai que la guerre civile entre la Corée du Nord et celle du Sud a pris le relais.

Et le rêve américain de ce pays ouvert à tous, sans racisme (sic) hante les pensées, les désirs de certains soumis à des dilemmes terribles : pourquoi s'accrocher au Japon, maître adoré qui les méprise et refuse de les aimer même après quatre générations.

Cette lecture nous amène à faire des parallèles avec notre propre histoire et l'enfer que font vivre certains bons citoyens aux émigrés...

 

Ce roman qui me rappelle un peu Lisa See, ses Ombres chinoises ou ses Filles de Shanghai, est intense, jamais ennuyeux. La rigueur historique y est remarquable sans s’appesantir sur ce que tout le monde connaît, genre Hiroshima ou Nagasaki. Comme il est découpé en épisodes suivant la chronologie, avec des personnages campés en peu de mots, j'imagine la série que je vais maintenant regarder.


Cette chronique est vague, j'en suis bien consciente, mais je ne voudrais pas gâcher le plaisir de l'histoire en en livrant trop et je suis certaine que la découverte de la vie de Sunja, de sa famille vous séduira avec ses deux magnifiques garçons qui tous deux, sans se concerter se sont enrichis dans l'exploitation de salles de Pachinko, ce jeu japonais genre flipper qui générait une addiction intéressante pour les patrons d'où le titre.


Une lecture bonheur, malgré des moments déchirants, mais tout à fait salutaire.


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